Au milieu des hors-bord et jet-skis qui, comme chaque été, sillonnent bruyamment les eaux du bassin d'Arcachon, se faufile désormais "La Silencieuse", un bateau de plaisance électrique aux vertus écologiques mais aussi économiques.
"Au début, on se faisait un peu +chambrer+ par les ostréiculteurs, qui nous demandaient si on on avait bien pensé à prendre une rallonge électrique...", sourit Virgile Lauga, gérant de la société i2ef qui développe la "tillole électrique", une embarcation de 7,75 m dotée d'une voile et pouvant accueillir jusqu'à douze personnes à bord.
1 euro par jour
"Mais depuis quelques temps, ils nous regardent un peu différemment. Certains se renseignent. Il faut dire que le prix du pétrole n'est plus tout à fait le même", ajoute-t-il. Sur sa "tillole" (ndlr: un type de pinasse, bateau à fond plat)), la journée de navigation revient à environ 1 euro en consommation électrique. Déjà connu pour le transport de passagers en ville (à Nantes, La Rochelle, Monaco, Paris ou Venise), le bateau électrique a aussi le vent en poupe pour la plaisance, que ce soit en auxiliaire de voile ou dans une motorisation hybride. "Nous sommes dans une période charnière", confirme Jean-Louis Aucouturier, professeur émérite d'électronique à l'université des sciences de Bordeaux, fondateur de l'association française du bateau électrique (Afbe). Particuliers et collectivités s'y intéressent de plus en plus, et pas seulement pour de vertueuses raisons environnementales. "Au départ, les motivations étaient liées à l'écologie et au confort. Mais depuis un an, de façon très nette, elles sont économiques: les gens s'aperçoivent que les consommations deviennent ridicules et certains plaisanciers dépensent des centaines d'euros en une journée", constate-t-il.
Sur le bassin d'Arcachon, la "tillole électrique", munie d'une batterie de 74 volts, possède 5 à 8 heures d'autonomie pour une navigation à 5 ou 6 nœuds de moyenne. Largement de quoi visiter l'île aux oiseaux et le banc d'Arguin, dans un quasi-silence. Cela fait quelques mois que le prototype tout-électrique, avec une coque en bois, sillonne le bassin. Le premier modèle commercialisable, avec une coque en polyester pour faciliter l'entretien, est quasiment terminé et sera vendu entre "60.000 et 70.000 euros", selon Virgile Lauga. Sa société, en parallèle, compte développer une flotte destinée à la location sur le port de La Teste-de-Buch. Un autre entreprise girondine, Ecova, développe de son côté une pinasse de 10 mètres à propulsion hybride qui sera présentée au prochain salon nautique, explique Jean-Louis Aucouturier. Si le tout-électrique suffit pour une zone limitée comme le bassin d'Arcachon, la conversion du marché de la plaisance à l'électrique passera en effet par le stade hybride pour rassurer "les acheteurs potentiels qui ont toujours la crainte de rester en panne au milieu d'un plan d'eau", estime-t-il.
"Sur le coût total du bateau, le surcoût engendré par l'installation d'une motorisation hybride n'excédera pas 10%. Ce n'est plus un argument compte tenu du confort et de la non-pollution", ajoute l'expert. Toutefois, souligne-t-il, c'est seulement la généralisation de la voiture électrique qui, dans l'avenir, en entraînant une baisse du prix des batteries, permettra une réelle diminution des coûts pour le bateau.
Source:france 3 aquitaine
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