Les troupeaux de bisons pourraient faire leur retour dans l'Ouest américain
CORWIN SPRINGS, Montana — Il y a plus d'un siècle, Buffalo Bill et d'autres chasseurs ont tué tellement de bisons que l'espèce a failli disparaître complètement. Aujourd'hui, près du parc national de Yellowstone, des chercheurs se sont lancés dans un ambitieux programme pour tenter de reformer des troupeaux et les renvoyer à la vie sauvage, à condition qu'ils soient en bonne santé.
Dans un grand enclos de Corwin Springs (Montana), des vétérinaires du gouvernement américain effectuent régulièrement des prélèvements sanguins sur de jeunes bisons pour repérer d'éventuelles maladies et procèdent à des tests génétiques. Ceux qui sont jugés aptes à quitter Yellowstone ont une chance de passer l'hiver prochain dans des réserves indiennes du Montana.
"Notre objectif, c'est de les remettre dans le paysage, à tous les endroits où des agences publiques et des tribus peuvent s'occuper d'eux convenablement", confie Jack Rhyan, un vétérinaire du ministère de l'Agriculture, qui gère l'enclos de Corwin Springs avec l'Etat du Montana. Ce programme coûte environ 130.000 dollars par an, selon les autorités du Montana.
Pour les défenseurs de ces animaux, le projet est la première étape, le but final étant d'avoir de nouveau des milliers de bisons en liberté dans les Grandes plaines et les Montagnes rocheuses. Les cow-boys, toutefois, pensent que ce serait un cauchemar, une initiative très risquée, dictée par la nostalgie.
"Le XVIIIe siècle, c'est fini. On ne peut pas y revenir", souligne Jason Camp, un cow-boy du Montana qui souhaite voir les bisons confinés à Yellowstone.
L'Amérique du Nord a compté à une époque plusieurs dizaines de millions de bisons, mais leur nombre a dégringolé au XIXe siècle, les colons qui se dirigeaient vers l'ouest chassant ces animaux pour manger leur viande. Plus tard, des chasseurs comme Buffalo Bill ont tué des bisons par milliers, à la fois pour fournir des peaux aux marchés américain et européen, mais aussi de manière complètement gratuite, car c'était pour eux une sorte de sport.
Résultat: dans les années 1880, on ne comptait plus qu'environ 500 bisons. Pour empêcher l'extinction, Teddy Roosevelt et d'autres hommes ont essayé de sauver les dernières bêtes en les concentrant dans la parc national de Yellowstone. Ce printemps, il y avait environ 2.100 bisons sauvages dans le parc.
Au total, on trouve environ 20.000 bisons sauvages aux Etats-Unis, notamment dans le Refuge national pour les bisons au Montana, le parc national Wind Cave dans le Dakota du Sud, et les Henry Mountains dans l'Utah. De plus, 500.000 bisons sont élevés uniquement pour leur viande, à des fins commerciales, en Amérique du Nord.
Les cow-boys craignent qu'en remettant en liberté des bisons, ils transmettent une maladie aux troupeaux de vaches, la brucellose. Car si c'est à Yellowstone qu'on trouve les bisons génétiquement les plus purs du monde, environ la moitié souffrent de brucellose, une maladie qui, lorsqu'elle se transmet, risque d'empêcher les vaches enceintes de mener leurs grossesses à terme.
Les bisons sont gardés en quarantaine et souvent testés une dizaine de fois pour s'assurer qu'ils ne sont pas porteurs de la maladie, celle-ci pouvant rester en sommeil pendant des mois, voire des années, avant de se révéler lors d'un test. Les animaux infectés sont alors abattus.
"Tant qu'ils ont des cas de brucellose dans ce troupeau de bisons, ils ne devraient même pas songer à relâcher des bisons dans l'Etat", s'inquiète Jason Camp, dont le ranch est situé à une centaine de kilomètres de Yellowstone. Même les bisons qui sont en parfaite santé constitueraient aussi une menace, en disputant aux vaches les zones de pâturage, ajoute-t-il.
Au contraire, Ervin Carlson, membre de la tribu des Blackfeet et président de la Coopérative intertribale des bisons, pense que plusieurs tribus vont bientôt manifester leur intérêt pour récupérer des bisons de Yellowstone. "Le bison a toujours été une part de nous-même, de notre culture et de notre spiritualité", souligne-t-il. "J'aimerais les voir en liberté comme d'autres animaux sauvages".
Source:canadianpress
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